En ce début octobre 2020, l'automne, enfin, semble vouloir s'éloigner des chaleurs pesantes : les températures chutent, la nuit s'installe de plus en plus tôt, les pluies s'abattent. Ouf, les clichés romantiques sont servis ! On ne saurait en vouloir à Verlaine pour ses sanglots longs des violons de l'automne, même si le poète perpétue - parmi tant d'autres - l'idée que l'automne est la saison du déclin, de la pente sinistre descendant vers l'hiver.
Et pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi : on date généralement l'apparition du mot automne dans la langue française au XIIIème siècle. Probablement issu du latin augeo, augere (augmenter, croître), automne remplace gain, ou regain, le terme employé jusque là pour désigner cette saison qui est, avant tout, celle des récoltes et de l'abondance. De son étymologie, on peut déduire qu'automne est encore, à ce moment-là, lié à cette idée de foisonnement agricole. Peut-être serait-ce aussi les attributs d'une hypothétique divinité nommée Autumnus, qu'on retrouve parfois proposée dans les origines du mot ?
Il faut bien reconnaître cependant que les connotations d'abondance, de récolte, de foisonnement automnaux sont aujourd'hui profondément associées à la mélancolie chère aux poètes romantiques.
Mot étrange pour une saison baroque, coincée entre l'absolu de l'été et de l'hiver, automne présente aussi une curiosité linguistique : le mot a en effet longtemps été des deux genres, suivant sa place dans la phrase. Et ce n'est pas simple :
- si un adjectif est placé avant, automne est masculin : un merveilleux automne ;
- si un adjectif est placé après, automne est féminin : une automne somptueuse ;
- mais, si un verbe ou un adverbe se placent entre automne et ledit adjectif, automne redevient masculin : cette automne est somptueux.
L'usage, aujourd'hui, consacre automne masculin, mais peu importe : s'il vous prend l'envie de vous laisser aller à la poésie, saisissez-vous donc de cet automne changeant, protéiforme, virevoltant, et qui permet toutes les audaces créatives.
Virée dans les méandres les plus improbables de la langue écrite, en compagnie de Vincent Avenel, correcteur professionnel.
jeudi 1 octobre 2020
Ça sent bon l'automne
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