mardi 12 janvier 2021

Buvez des pommes

Entre l'Épiphanie et la Chandeleur, le début de l'année calendaire est, traditionnellement, placé sous le signe du cidre, pétillante déclinaison du jus de pomme à l'alcool modeste - et objet d'une guerre fratricide entre Normands et Bretons : doux, ou brut ?

On se promène tout de même entre 2 et 4 degrés d'alcool par litre, la question est donc d'importance ! Comme s'il n'y avait pas assez du mont Saint-Michel pour s'étriper entre voisins. Dans le domaine de la production alcoolique, où la production déclarée peut ravager des papilles avec des whiskies à 60 degrés, et où la production illégale atteint de tels sommets que, pour paraphraser Michel Audiard, ça rend aveugle, le cidre fait donc figure de modeste contributeur. 

On s'amusera donc de ce que le mot nous vienne du latin "sicera", désignant une boisson fermentée, venu lui originellement de l'hébreu "śēkār" (liqueur forte, liqueur empoisonnante) et 
ākar" (boire à l'excès, jusqu'au malaise). Il y a fort à parier que le cidre tel qu'il existait lorsque de ses premières apparitions dans le langage (XIIème siècle) était un rien plus fort que celui d'aujourd'hui - et qu'on peut donc comprendre d'autant mieux le patrimoine génétique dentaire altéré des Normands comme des Bretons. 

Notons enfin que Furetière parle pour le cidre de poire, de "poiré" - une acception toujours en usage, mais également de "pommé" pour un cidre de pomme. Côté force de cidre, la bataille reste à mener, mais côté hégémonie fruitière, la pomme a donc remporté la partie.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un peu de romance

Joie et bonheur, voici que nous arrive la Saint-Valentin, fête des amoureux ô combien sincère et dénuée de toute dimension commerciale ! Que...