mardi 19 janvier 2021

La lanterne

On retrace les origines du mot "lanterne" jusqu'au latin "lanterna" au début des années 1000, venant du grec "lamptêr, vase à feu où l'on brûlait des flambeaux" (qui donnera également naissance à la lampe). Donc, lanterne vient du mot qui signifiait "lanterne", il y a de ça quelque mille ans ? Donc on arrête là, c'est bon ? Halte-là ! Le plus court chemin du point "lanterne" 1080 vers le point "lanterne" 2021 est un long voyage circulaire, bordé d'étapes iconoclastes et de significations oubliées. En route !

Aux alentours de 1210, "lanterne" entre dans la locution "vendre vecies por lanternes", qui deviendra notre célèbre "prendre des vessies pour des lanternes" : ce sens figuré signifiant "contes absurdes et ridicules", est considéré comme très vivace entre le XVIème et le XVIIIème siècle - gageons que l'image d'une étrange lampe avec une bougie dans une vessie gonflée nous est parvenue intacte. On rencontre aussi l'emploi de lanterne pour un fanal suspendu par une corde à une potence, sur la voie publique - c'est à cette lanterne que fait référence la chanson populaire pendant la Révolution, qui proposait de remplacer ladite lanterne par "les aristocrates". Est-ce donc cela qu'on appelle l'héritage de la philosophie des lumières ?

On rencontre d'autres lanternes : en architecture, en technique cinématographique, en technique automobile... La plus réjouissante restant la "lanterne d'Aristote" qui désigne l'appareil masticatoire de l'oursin ; l'une des plus inattendues prête à "lanterne" le sens de "pénis", ce qu'on pourra considérer comme quelque peu arrogant. 





mardi 12 janvier 2021

Buvez des pommes

Entre l'Épiphanie et la Chandeleur, le début de l'année calendaire est, traditionnellement, placé sous le signe du cidre, pétillante déclinaison du jus de pomme à l'alcool modeste - et objet d'une guerre fratricide entre Normands et Bretons : doux, ou brut ?

On se promène tout de même entre 2 et 4 degrés d'alcool par litre, la question est donc d'importance ! Comme s'il n'y avait pas assez du mont Saint-Michel pour s'étriper entre voisins. Dans le domaine de la production alcoolique, où la production déclarée peut ravager des papilles avec des whiskies à 60 degrés, et où la production illégale atteint de tels sommets que, pour paraphraser Michel Audiard, ça rend aveugle, le cidre fait donc figure de modeste contributeur. 

On s'amusera donc de ce que le mot nous vienne du latin "sicera", désignant une boisson fermentée, venu lui originellement de l'hébreu "śēkār" (liqueur forte, liqueur empoisonnante) et 
ākar" (boire à l'excès, jusqu'au malaise). Il y a fort à parier que le cidre tel qu'il existait lorsque de ses premières apparitions dans le langage (XIIème siècle) était un rien plus fort que celui d'aujourd'hui - et qu'on peut donc comprendre d'autant mieux le patrimoine génétique dentaire altéré des Normands comme des Bretons. 

Notons enfin que Furetière parle pour le cidre de poire, de "poiré" - une acception toujours en usage, mais également de "pommé" pour un cidre de pomme. Côté force de cidre, la bataille reste à mener, mais côté hégémonie fruitière, la pomme a donc remporté la partie.





Un peu de romance

Joie et bonheur, voici que nous arrive la Saint-Valentin, fête des amoureux ô combien sincère et dénuée de toute dimension commerciale ! Que...